Cet article est disponiple en écriture Open Dyslexic https://www.naturopratique.fr/wp-content/uploads/2024/11/evolution-des-DYS-en-20-ans.pdf
Les troubles DYS affectent près de 10 % de la population, avec des répercussions sur la lecture, l’écriture, le calcul ou encore la coordination. Ces difficultés, invisibles et souvent mal comprises, ont longtemps été synonymes d’exclusion scolaire et sociale. Cependant, les deux dernières décennies ont vu émerger une reconnaissance accrue et des outils novateurs pour soutenir ces enfants dans leurs apprentissages et leur épanouissement.
1. Une reconnaissance grandissante grâce aux lois et à la sensibilisation
a. La loi de 2005, un tournant majeur
En 2005, la France adopte une loi essentielle qui transforme les droits des élèves en situation de handicap, y compris ceux présentant des troubles DYS. Grâce à cette loi :
- Les élèves peuvent bénéficier d’un accompagnement personnalisé, via le PPS.
- Les parents accèdent à des ressources financières et pédagogiques grâce à la MDPH.
- Les établissements scolaires sont tenus de proposer des aménagements concrets : supports numériques, tiers temps lors des examens, etc.
Exemple concret : Un élève dyspraxique peut désormais utiliser un ordinateur avec un logiciel de prédiction de texte pendant les cours et les évaluations, ce qui lui évite la fatigue de l’écriture manuscrite.
b. Sensibilisation accrue auprès du grand public
Les associations, comme la Fédération Française des Dys, organisent chaque année des événements et campagnes pour informer sur ces troubles. La médiatisation croissante, avec des témoignages de parents et d’enfants, a permis de briser de nombreux tabous.
Impact mesurable : Une enquête de 2022 indique que 90 % des parents d’élèves connaissent aujourd’hui les termes « troubles DYS », contre seulement 30 % en 2000.
c. Diagnostic plus précoce
Aujourd’hui, les enseignants et les professionnels de santé, mieux formés, identifient plus tôt les signaux d’alerte. Cela permet une intervention rapide et adaptée.
2. Des outils innovants pour accompagner les enfants DYS
a. Les polices adaptées : l’exemple d’Open Dyslexic
L’accessibilité à la lecture pour les enfants dyslexiques a connu une avancée significative avec l’apparition de polices d’écriture spécifiques. Open Dyslexic est l’une des plus utilisées et reconnues.
Elle se distingue par des caractéristiques bien pensées :
- Des lettres renforcées en bas : Cela crée un effet de « poids » qui aide le cerveau à différencier les caractères, réduisant les confusions fréquentes (comme entre « b » et « d » ou « p » et « q »).
- Un espacement plus large entre les mots et les lignes pour faciliter la lecture fluide et limiter la fatigue visuelle.
Impact concret : De nombreux élèves rapportent qu’ils lisent plus facilement avec cette police, se sentent moins frustrés, et reprennent goût à la lecture. Voici un exemple écrit avec Open Dyslexic :
D’autres polices adaptées, comme Lexie Readable et Arial, sont également plébiscitées pour leurs designs épurés et accessibles.
b. Technologies et logiciels au service des apprentissages
Avec la montée en puissance des technologies, les élèves DYS ont désormais accès à une panoplie d’outils numériques qui transforment leur expérience d’apprentissage. Voici quelques exemples marquants :
- Dys-Vocal : Ce logiciel permet de lire à haute voix des textes ou documents, un atout majeur pour les enfants dyslexiques ou dysorthographiques. Il intègre par ailleurs une fonction de surlignage mot à mot, qui aide les élèves à suivre la lecture.
- Dyspraxiatheca : Une plateforme collaborative dédiée aux élèves dyspraxiques. Elle propose des fiches pédagogiques, des outils numériques, et des adaptations de supports classiques pour répondre aux besoins spécifiques des élèves.
- Antidote : Plus qu’un simple correcteur orthographique, Antidote est un assistant d’écriture intelligent. Il aide à corriger non seulement les fautes d’orthographe, mais aussi les tournures de phrases, ce qui est précieux pour les enfants dysorthographiques.
Les avantages de ces technologies :
- Elles permettent aux enfants de contourner leurs difficultés spécifiques tout en continuant d’apprendre.
- Elles les rendent plus autonomes, ce qui améliore leur confiance en eux.
- Elles offrent une expérience interactive qui motive les élèves à explorer et à progresser.
c. Livres et supports pédagogiques adaptés
La littérature jeunesse et les supports pédagogiques ont également évolué pour répondre aux besoins des élèves DYS. De nombreux éditeurs ont pris l’initiative de proposer des ouvrages adaptés, comme Dyscool et Hatier Dys.
Caractéristiques des livres adaptés :
- Un vocabulaire simplifié et des phrases courtes pour limiter les obstacles à la compréhension.
- Une mise en page pensée pour le confort visuel : interlignes élargis, marges plus grandes, contrastes doux entre le fond et le texte.
- Une segmentation claire des chapitres et des illustrations qui soutiennent la compréhension du récit.
Exemple d’ouvrages :
- Le Petit Prince – Édition Dys (Éditions Hatier Dys) : Ce classique est revisité avec une typographie et une mise en page pensées pour les enfants dyslexiques.
- Les Fables de La Fontaine – Version Dys : Un indispensable de la littérature française, repensé pour les rendre accessibles aux élèves avec des troubles de lecture.
Ces adaptations permettent aux enfants DYS de découvrir le plaisir de lire, en réduisant leur sentiment de frustration et d’inadéquation face aux ouvrages classiques.
Il existe également des bibliothèques sonores, où des bénévoles enregistrent des ouvrages scolaires en format audio. Sur présentation d’un certificat médical, les fichiers MP3 peuvent être envoyés gratuitement. Cela offre aux élèves une solution pratique pour travailler plus facilement en français et en littérature.
Ces innovations témoignent d’un effort collectif pour inclure les élèves DYS dans le monde de l’éducation et de la culture. En leur offrant des outils adaptés, on les aide à franchir des obstacles qui semblaient insurmontables, tout en favorisant leur autonomie et leur épanouissement.
3. Inclusion scolaire : progrès et défis
a. Des aménagements concrets en classe
Les élèves présentant des troubles DYS ont des besoins spécifiques qui, lorsqu’ils sont pris en compte, peuvent faire une énorme différence dans leur expérience scolaire. Grâce à des dispositifs comme le PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) et le PAI (Plan d’Accompagnement Individuel), un cadre adapté est mis en place pour répondre à ces besoins.
Le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS)
Le PPS est conçu pour les élèves dont les troubles sont reconnus comme handicap par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Ce projet, élaboré en concertation avec les parents, les enseignants et les professionnels de santé, est un véritable plan stratégique pour assurer une scolarité adaptée à l’enfant.
Objectifs du PPS :
- Identifier les aménagements pédagogiques nécessaires.
- Prévoir les outils ou dispositifs spécifiques, comme un ordinateur ou un logiciel de lecture.
- Mettre en place un accompagnement par des auxiliaires de vie scolaire (AVS), si besoin.
Exemples d’aménagements :
- Un élève dysgraphique peut utiliser un ordinateur en classe pour éviter la fatigue liée à l’écriture.
- Les évaluations peuvent être adaptées : par exemple, des questions à choix multiples (QCM) plutôt que des rédactions.
Ce dispositif est réévalué régulièrement pour s’assurer qu’il répond toujours aux besoins de l’enfant, en tenant compte de ses progrès.
Le Plan d’Accompagnement Individuel (PAI)
Le PAI, quant à lui, est destiné aux élèves qui ne nécessitent pas une reconnaissance de handicap par la MDPH, mais qui ont malgré tout des besoins spécifiques. Ce plan est mis en place directement par l’école, en collaboration avec la famille et le médecin scolaire.
Objectifs du PAI :
- Offrir des adaptations légères et rapides, sans passer par un processus administratif lourd.
- Répondre aux besoins ponctuels ou non permanents de l’enfant.
Exemples d’aménagements :
- Un élève dysorthographique pourrait bénéficier de temps supplémentaire pour les évaluations.
- L’enseignant pourrait fournir des fiches de cours préremplies pour éviter à un élève dyspraxique de recopier.
Le PAI est particulièrement utile pour des situations moins complexes ou pour des enfants qui ne nécessitent pas un suivi aussi approfondi que dans le cadre d’un PPS.
Ces dispositifs permettent aux enseignants d’adopter des méthodes qui favorisent l’inclusion. Par exemple :
- L’utilisation de cartes mentales préconstruites pour aider à visualiser des concepts complexes, facilitant ainsi la mémorisation.
- Évaluations orales pour les élèves rencontrant des difficultés à l’écrit, leur permettant de démontrer leurs connaissances sans être pénalisés par leurs troubles.
Exemple inspirant :
Dans un collège de Marseille, une classe pilote a équipé tous ses élèves dyslexiques de tablettes numériques. Ces tablettes, dotées de logiciels adaptés, ont permis d’améliorer significativement leurs résultats scolaires, tout en réduisant leur stress quotidien.
b. Formation des enseignants
Pour que ces aménagements soient efficaces, il est crucial que les enseignants soient formés à reconnaître les troubles DYS et à appliquer les adaptations nécessaires.
Progrès réalisés :
- De nombreux instituts de formation initiale incluent désormais des modules sur les troubles DYS.
- Des formations continues sont proposées, bien qu’elles soient encore inégalement accessibles selon les établissements.
Défis persistants :
Malgré ces avancées, tous les enseignants n’ont pas encore accès à des formations suffisantes ou actualisées. Certains restent encore mal informés sur les dispositifs comme le PPS ou le PAI, ce qui peut limiter leur mise en œuvre. Renforcer ces formations reste un enjeu majeur pour garantir une inclusion scolaire réussie.
4. Une communauté grandissante : associations et ressources en ligne
a. Sites web et plateformes utiles
- Apedys.fr : Pour tout savoir sur les démarches administratives et les aménagements.
- Dyspositif.fr : Une mine d’outils pratiques pour les enseignants.
- TroubleLearning.com : Des exercices interactifs pour les enfants.
(Liste non exhaustive)
b. Des réseaux de soutien familial
Les groupes Facebook et forums d’entraide se multiplient, offrant des espaces où les familles peuvent échanger astuces et conseils.
5. La prise en charge émotionnelle et l’accompagnement holistique
a. Les défis émotionnels liés aux troubles DYS
Les troubles DYS ne se limitent pas à des obstacles scolaires. Ils affectent profondément le bien-être émotionnel des enfants. Ces derniers doivent gérer un double défi :
- Scolaires, avec des échecs fréquents et des remarques négatives qui sapent leur confiance en eux.
- Social, car ils peuvent se sentir isolés ou incompris, notamment en raison de leurs besoins spécifiques et de la stigmatisation qui les accompagne.
Un enfant dyslexique, par exemple, pourrait redouter la lecture à haute voix en classe, craignant les moqueries de ses camarades. Cette peur répétée génère souvent un cercle vicieux où le stress aggrave les difficultés d’apprentissage.
À long terme, l’impact peut se traduire par :
- Une baisse de l’estime de soi.
- Des troubles anxieux.
- Parfois même une dépression.
Pour briser ce cercle, il est essentiel de leur offrir un soutien émotionnel adapté et de renforcer leur résilience face aux défis quotidiens.
b. Les médecines douces comme alliées
Les médecines douces proposent des solutions complémentaires efficaces pour accompagner les enfants DYS, en tenant compte de leur individualité et de leur environnement.
1. Les Fleurs de Bach : des alliées pour équilibrer les émotions
Les Fleurs de Bach sont des élixirs floraux créés pour aider à harmoniser les états émotionnels. Leur approche douce et naturelle les rend idéales pour les enfants. Voici quelques exemples adaptés aux problématiques des DYS :
- Larch : Pour renforcer la confiance en soi, souvent mise à mal par les difficultés scolaires.
- Mimulus : Pour apaiser les peurs spécifiques, comme la peur de lire à voix haute ou d’être interrogé.
- Walnut : Pour aider à s’adapter aux changements, comme une nouvelle classe ou de nouvelles méthodes d’apprentissage.
- Crab Apple : Pour ceux qui se sentent « imparfaits » ou trop différents.
Une routine simple consiste à ajouter 4 gouttes de l’élixir choisi dans une bouteille d’eau à boire tout au long de la journée.
2. La sophrologie : apprendre à gérer le stress
La sophrologie offre des techniques de relaxation dynamique et de visualisation pour :
- Diminuer le stress lié aux évaluations ou aux interactions sociales.
- Améliorer la concentration en calmant le mental.
- Renforcer la confiance grâce à des exercices d’ancrage et de respiration.
Exemple pratique : Avant une dictée, l’enfant peut pratiquer une respiration en carré (inspiration, rétention, expiration, pause) pour calmer son anxiété et mieux se concentrer.
3. La naturopathie : l’alimentation au service du cerveau
Le cerveau des enfants DYS a des besoins spécifiques. Une alimentation ciblée peut jouer un rôle clé dans l’amélioration de leurs performances cognitives et émotionnelles :
- Les oméga-3 (poissons gras, graines de chia, noix) sont essentiels pour la santé cérébrale et la mémoire.
- Le magnésium (amandes, bananes, légumes verts) aide à réduire le stress et favorise un sommeil réparateur.
- Les antioxydants (fruits rouges, légumes colorés) protègent les cellules cérébrales des dommages oxydatifs.
Un naturopathe peut aussi recommander des cures spécifiques comme :
- Les infusions de mélisse ou de camomille pour apaiser l’agitation.
- Les probiotiques pour améliorer le microbiote intestinal, souvent lié à la gestion émotionnelle.
4. L’aromathérapie : un soutien olfactif
Certaines huiles essentielles, diffusées dans la chambre de l’enfant ou utilisées en massage, favorisent le calme et la concentration :
- Lavande vraie : Apaisante, idéale pour le sommeil.
- Mandarine : Réconfortante, elle réduit les angoisses.
- Romarin à cinéole : Stimulante, elle aide à la concentration lors des devoirs
c. Un accompagnement individualisé et continu
Pour que l’approche holistique porte ses fruits, elle doit être adaptée à chaque enfant et intégrée dans le cadre familial et scolaire :
- Les parents peuvent instaurer des rituels bien-être comme un temps calme après l’école ou une pratique commune de méditation.
- Les enseignants peuvent proposer des exercices de respiration collective avant un contrôle.
- Les thérapeutes peuvent inclure l’enfant dans l’élaboration de son programme, pour qu’il se sente acteur de son parcours.
Conclusion : Les DYS, des talents extraordinaires à cultiver
Au fil des vingt dernières années, la société a parcouru un chemin remarquable dans la reconnaissance et l’accompagnement des troubles DYS. Ces avancées, portées par des lois, des outils technologiques, des approches pédagogiques inclusives et un regard plus bienveillant, ont permis à de nombreux enfants et adultes DYS de transformer ce qui était autrefois perçu comme une faiblesse en une véritable force.
Mais au-delà des aménagements et des dispositifs, il est crucial de souligner une réalité souvent méconnue : les enfants DYS possèdent des qualités exceptionnelles. Leur façon unique de penser les pousses à résoudre des problèmes avec une créativité débordante, à analyser des situations sous des angles inattendus et à développer une résilience admirable face aux défis. De grands inventeurs, artistes et entrepreneurs célèbres étaient eux-mêmes DYS, comme Albert Einstein (dyslexique) ou Agatha Christie (dysgraphique). Leur exemple rappelle que ces « différences » sont souvent à l’origine des plus grandes innovations.
En tant que parents, éducateurs ou professionnels, notre mission n’est pas simplement de pallier leurs difficultés, mais de révéler et de cultiver ces talents extraordinaires. Chaque enfant DYS est une étoile en devenir, et en leur offrant le soutien adapté, nous leur permettons de briller de tout leur éclat. Avec une approche holistique, intégrant pédagogie, technologies et soutien émotionnel, les DYS peuvent non seulement surmonter leurs obstacles, mais aussi enrichir notre monde par leur vision singulière et précieuse.
Un avenir prometteur
Le chemin est encore long, mais les progrès accomplis démontrent qu’un futur où les DYS seront pleinement intégrés et valorisés est à portée de main. Ces enfants « différents » sont en réalité porteurs d’une richesse extraordinaire pour la société. En continuant à innover, à sensibiliser et à croire en leur potentiel, nous les aiderons à devenir les bâtisseurs d’un avenir où la différence sera célébrée comme une force.
« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. »
Albert Einstein
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